5.
Une lueur

Le 17 mai 1970

 

Le printemps est enfin arrivé au pays de Galles. Autour d’Albertswyth, les collines sont de nouveau verdoyantes. À quatre pattes dans leur jardin, les femmes du village s’occupent de leurs plantations. Depuis maintenant six mois, Clyda et moi nous promenons longuement dans les collines rocheuses. Elle m’enseigne les rites, les propriétés des plantes et des pierres de la région.

En découvrant son nom dans l’un des livres scellés de Patrick, j’avais tout de suite décidé d’aller la trouver pour qu’elle me transmette son savoir. J’ai dû camper deux semaines devant sa porte avant qu’elle accepte ne serait-ce que de me parler. Aujourd’hui, je suis son élève et j’absorbe ses leçons comme la terre desséchée l’eau de pluie.

Elle me terrifie parfois, mais ses pouvoirs immenses et sa connaissance de la magye noire me rappellent pourquoi je suis venue auprès d’elle. Je veux apprendre tout ce qu’elle sait, devenir aussi puissante qu’elle, pouvoir contrôler tout ce qu’elle contrôle. Je veux être elle.

 

S.B.

 

* * *

 

Le mardi matin, Mary K. et moi avons attaqué les finitions de ma chambre. L’après-midi, je l’ai persuadée de venir faire du shopping avec Bree et moi. Même si elle désapprouvait notre destination – Magye Pratique –, l’envie de passer du temps avec nous l’a emporté.

— Ah, j’adore les vacances de Noël ! s’est exclamée Bree en traversant le centre-ville de Widow’s Vale au volant de Breezy, sa superbe BMW. On peut se promener pendant que tous les idiots travaillent…

— Tu sais, un jour, nous aussi nous travaillerons comme ces « idiots », lui ai-je rappelé.

— Pas moi. J’épouserai un homme riche et je me ferai entretenir.

— Tu rigoles !? a pouffé Mary K. depuis la banquette arrière.

— Pourquoi ? Ça choque ton côté féministe ?

— Non, mais je pensais que tu attendais davantage de la vie. Tu as tout pour réussir.

— Hé ! Je plaisantais ! Remarque, je cherche encore ma vocation… Il y a pire que de finir femme au foyer, non ?

— Arrête, Bree ! ai-je gloussé. Au bout de deux semaines, tu aurais des envies de meurtre !

— Ce n’est pas faux… Et vous, ça ne vous tenterait pas ? Ménagère, voilà une noble profession !

J’ai ricané. J’avais toujours pensé que je deviendrais chercheuse. Maintenant, je savais que ma vie tournerait autour de la Wicca et de ma propre étude de la sorcellerie. Le reste serait purement alimentaire.

— Non, a répondu ma sœur. Moi, de toute façon, je ne veux pas me marier.

Son ton m’a poussée à me tourner vers elle : ses yeux reflétaient une grande tristesse et ses traits étaient tirés. J’ai regardé Bree du coin de l’œil et j’ai vu que nous nous comprenions, comme au bon vieux temps.

— J’ai entendu dire que t’avais largué Bakker, a lancé Bree en regardant Mary K. dans le rétro. Tu as bien fait. Ce n’est qu’un abruti.

Ma sœur n’a rien répondu.

— Tu sais qui est super craquant, dans ta classe ? a-t-elle poursuivi. Rand Machin…

— Rand Hales ?

— Ouais ! Il est trop mignon !

J’ai levé les yeux au ciel. On pouvait compter sur Bree pour repérer les petits nouveaux… Comme Mary K. s’est contentée de hausser les épaules, mon amie n’a pas insisté. Elle s’est garée devant la boutique et nous avons dû lutter contre une bourrasque glaciale avant d’atteindre la porte.

Mary K. a scruté la vitrine avec une méfiance non déguisée.

— Détends-toi, ai-je murmuré en la prenant par le bras pour l’attirer à l’intérieur. Tu ne vas pas vendre ton âme au diable en faisant un peu de lèche-vitrines !

— Et si le père Hotchkiss nous voit ?

— Alors, on lui demandera ce qu’il fabrique dans une boutique wiccane, ai-je rétorqué, un sourire aux lèvres.

Je n’étais pas revenue depuis la nuit où Hunter avait passé le braigh à David. Soudain, j’ai revu la scène : l’interrogatoire que Hunter lui avait fait subir, les aveux de David arrachés de force.

Que de tels souvenirs soient associés à la boutique qui m’avait souvent servi de refuge me serrait le cœur. À voir l’expression triste d’Alyce, j’ai compris qu’elle aussi éprouvait encore de la peine. David et elle étaient très proches. Avant de quitter les États-Unis, il lui avait cédé la boutique.

Dès qu’elle m’a vue, elle est venue me prendre dans ses bras. J’étais plus grande qu’elle et, pressée contre son corps maternel, j’ai eu l’impression d’être une ado dégingandée. Nous nous sommes lancé un long regard de connivence, puis elle s’est tournée vers Bree et Mary K.

— Bonjour, Alyce, a lancé Bree.

— Je suis contente de te voir, Bree.

— Vous vous souvenez de ma sœur, Mary K. ? lui ai-je demandé.

— Bien sûr ! a-t-elle répondu en lui souriant chaleureusement. La grande fan des Fianna, c’est ça ?

— Oui, a murmuré ma sœur.

— Nous venons de recevoir une nouvelle collection de bijoux d’une orfèvre talentueuse de Pennsylvanie, a annoncé Alyce à ma sœur en l’entraînant vers une vitrine. Viens voir ça.

Comme Bree était partie examiner les nappes d’autel, j’ai pu errer à ma guise entre les rayonnages de livres. Une poignée de minutes plus tard, Alyce m’a rejointe.

— Comment se passent vos débuts à la tête de Starlocket ? me suis-je enquise.

— Nous sommes en période d’ajustement. Comme je m’y attendais, certains sorciers sont partis, ceux que le côté sombre de Selene avait attirés. Nous essayons de nous reconstruire et de tourner la page. Diriger un coven est un véritable défi.

— Je suis certaine que vous êtes formidable dans ce rôle.

— Alyce ? On met tout le stock sur les rayonnages ou bien on en garde une partie dans la réserve ? a soudain demandé une voix masculine.

Un homme roux d’une cinquantaine d’années se dirigeait vers nous, un carton rempli de bougies noires à la main. Malgré moi, mes sens se sont focalisés vers lui et j’ai deviné que c’était un sorcier de sang, probablement un Leapvaughn. Il m’a jeté un coup d’œil surpris et j’ai interrompu la connexion, aussi gênée que s’il m’avait surprise en flagrant délit de voyeurisme.

— D’habitude, j’en mets le plus possible en exposition, a répondu Alyce. Finn, voici Morgan.

— Ravi de faire ta connaissance, a-t-il déclaré.

Il m’a serré la main en regardant Alyce d’un drôle d’air, comme si elle venait de lui présenter une personne peu recommandable.

— Finn me donne un coup de main dans la boutique, m’a expliqué Alyce, avant d’ajouter à l’intention de son collègue : Morgan est une habituée de la maison.

Elle n’a rien dit de plus. Comme Finn ne me quittait pas des yeux, j’ai eu doublement l’impression d’avoir commis un faux pas.

— Tu étudies avec qui ? s’est-il renseigné.

— Euh… pour le moment, j’étudie beaucoup seule, et un peu avec Hunter Niall.

— Le Traqueur ?

— Oui.

— Tu es donc Morgan Rowlands.

— Oui.

Un peu surprise, je me suis tournée vers Alyce, qui m’a rassurée d’un sourire.

Finn a fait mine d’ajouter quelque chose, puis il s’est ravisé et est reparti avec ses bougies. Bree lui a demandé des renseignements sur les huiles essentielles. De son côté, Mary K. essayait une paire de boucles d’oreilles.

— J’ai bien peur que tu ne sois devenue célèbre, m’a alors expliqué Alyce. Je suis désolée si Finn t’a embarrassée… Tu dois savoir que ton histoire est déjà connue parmi les sorciers. Et ils sont curieux…

Ma gorge s’est nouée.

— Alors, Hunter s’occupe de ta formation ? Il t’a parlé du tàth meànma brach ? m’a-t-elle interrogée tout en redressant une rangée de livres.

— Oui, ai-je admis, un peu décontenancée par le changement de sujet. J’ai très envie d’essayer, même si c’est dangereux… Qu’en pensez-vous ?

— C’est une excellente idée. Hunter a raison – tu as besoin d’en apprendre autant que possible et le plus vite possible. Pour n’importe qui d’autre, je m’y serais opposée. C’est un rite difficile et parfois dangereux. Cependant, ton cas est exceptionnel. La décision te revient. Réfléchis bien.

— Vous accepteriez de le faire avec moi ?

Elle a plongé ses yeux au plus profond des miens. J’ignorais son âge, cinquante ans peut-être, mais je lisais dans son regard un savoir infini. Un savoir dont j’avais un besoin maladif…

— J’y réfléchirai, ma chérie. Je veux d’abord en parler avec Hunter.

— Merci.

— On y va ? a soudain lancé Bree.

Elle avait payé ses achats et nous attendait, ma sœur et moi. J’ai demandé à Mary K. si elle voulait prendre les boucles d’oreilles. Comme elle a secoué la tête, je me suis dit que je les lui offrirais pour Noël.

Il faisait déjà nuit lorsque nous sommes sorties de la boutique. Sur le chemin du retour, Mary K. a lâché :

— Je ne comprends vraiment pas pourquoi vous aimez tant ce magasin.

— Tu ne trouves pas que c’est un endroit génial ? a rétorqué Bree. Même si je ne m’intéressais pas à la Wicca, je viendrais quand même regarder les bougies, l’encens et les bijoux…

— Si tu le dis…

Ma sœur était visiblement tiraillée. Elle n’osait pas avouer qu’elle appréciait Magye Pratique – l’antre des sorcières ! – parce qu’elle craignait de trahir sa foi et nos parents.

En regardant par la vitre, j’ai compris que Bree avait opté pour le chemin le plus court jusqu’à sa maison… Nous allions donc passer devant chez Cal… Plus on s’approchait, plus mon cœur s’affolait. Je n’étais pas revenue dans le quartier depuis que j’avais failli mourir brûlée vive dans le pavillon de jardin, et l’idée de revoir ces lieux me donnait des sueurs froides.

— Je suis désolée, a murmuré Bree lorsqu’elle a vu où nous étions.

J’ai dégluti, sans répondre, la main crispée sur la poignée de la portière, la respiration haletante. Détends-toi, ai-je pensé. Détends-toi. Ils sont partis. Hunter vérifie tous les jours… Ne t’inquiète pas, ils sont partis. Ils ne peuvent pas te faire de mal.

Quand nous avons longé la maison, je n’ai pas pu m’empêcher de l’inspecter. Elle semblait abandonnée – presque maudite. Je me suis souvenue de chaque pièce et des tonnes de souvenirs qui y étaient liés : la grande cuisine de Selene ; l’immense salon avec la cheminée, où Cal et moi nous étions embrassés sur le canapé ; la bibliothèque secrète ; la chambre de Cal, qui occupait tout l’étage, avec son grand lit où nous avions échangé baisers et caresses… Et le pavillon de jardin…

Ces images avaient beau me donner le vertige, je n’ai pas réussi à détourner la tête. Soudain, j’ai aperçu une lueur derrière une fenêtre, comme une flamme de bougie vacillante. L’instant d’après, elle avait disparu. J’ai guetté la réaction de Bree, mais elle n’avait pas quitté la route des yeux. À l’arrière, Mary K. avait le regard dans le vide, et sa tristesse donnait à son visage un air plus enfantin qu’à l’accoutumée.

— Est-ce que vous avez… ai-je commencé avant de me taire.

Étais-je sûre de moi ? Oui. Cependant, je ne gagnerais rien à leur en parler… Mary K. s’inquiéterait et Bree ne saurait pas quoi faire. Si seulement Hunter était là, ai-je soupiré. Puis j’ai pensé aux conséquences s’il l’apprenait : une enquête en profondeur, des soucis, des ennuis, la peur…

Soudain, je n’étais plus si sûre de moi.

— Est-ce qu’on a quoi ? a repris Bree.

— Non, rien… Rien du tout.

Mon imagination m’avait joué un tour. Cal et Selene étaient partis. Pour toujours.

Le danger
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